La première pierre
Je ne mentirai pas, ou si peu, je prendrai un peu de temps mais sans réparer peut être, je sais que ce n'est pas si grave, je sais que je n'arrivais plus et que le temps est doux avec nous et que je peux lui faire confiance, mais je sais que tu as eu mal.
C'était trop de temps d'un coup, j'ai senti que l'on ressemblait à un couple mais qu'on ne se ressemblait pas, ou moins, ou moi, que je ne me retrouvais pas entière, j'ai mis ça sur le compte de la fatigue, j'ai accepté le contexte de ton départ comme instant concentré de ce que l'on avait pas encore vécu, mais c'était m'interdire du souffle et de la cohérence. J'étouffais et je continuais à t'accompagner partout et par toi et j'ai triché en me cachant derrière la fatigue. Je le sais, pourtant, que je dois m'écouter.
j'ai accepté malgré tout et j'ai eu tort, alors quand je n'ai plus pu, je t'ai laissé, en sachant que cela pouvait te blesser, en évitant de penser que c'était égoïste, en sousestimant que tu puisses le ressentir - et je t'ai laissé le seul moment où j'aurais vraiment dû être là, à ton départ. Cela faisait tant de temps que je n'avais pas été lâche, si tu savais comme je me bats contre la mauvaise conscience.
Et tu me dis que tu n'as pas osé me le demander, et tu me souffles que tu ne voulais pas partir seul, et moi j'ai évité de le voir parce que je cherchais mon souffle. Première pierre, première maladresse, ne m'en veut pas, il y'en aura d'autres, même quand j'essaie, je ne suis jamais sûre de rien, ou je le suis mais seule. Maintenant je vais reprendre le temps que ton départ nous impose, et espérer simplement qu'il me rende un peu la distance et le manque que l'on a chassé trop vite, comme si nous étions les autres (mais je ne veux pas être les autres)
Je le sens au bord de tes lèvres, mais je ne veux pas que tu le dises, c'est trop tôt, je veux que tu attendes et que tu ne concentres pas le temps trop vite entre tes mains - j'aurais peur que l'on ne se voit pas